INTRODUCTION

Dans le domaine du loisir virant insidieusement (si je n'y prenais garde) à l'assuétude, le jeu vidéo n'a pas été mon premier penchant ludique, loin de là.

Pour des raisons d'ordre chronologique, ce fut la maquette statique (modèle réduit en plastique) qui agrémenta les premières années de ma destinée d'aficionado. A une époque remontant aux sixties, où les aspirations vidéo-ludiques relevaient encore de la chimère, un des hobbys auxquels pouvait s'adonner le bambin que j'étais se trouvait mise en valeur dans toutes les boutiques et magasins de jouets.
Parmi les mécanos, voitures en métal, trains électriques, soldats de plomb, toupilles, tambours, moulinets et autres jouets destinés à amuser les rejetons de tous poils, on retrouvait la maquette statique à assembler dont les premiers exemplaires, provenant des pays anglo-saxons, étaient produits par des firmes à grands renoms tels que Lindbergh, Monogram, Airfix, Revell, Frog, Heller etc...

Une maquette en plastique est un modèle à l'échelle, le plus souvent présenté sous forme de kit (pièces détachées à assembler et à peindre). Les origines de son industrialisation remontent à l'après seconde guerre mondiale lorsque le matériau de base (le polystyrène) devint usuel. L'idée d'utiliser celui-ci pour produire une maquette fut lancée par la firme Airfix (1948), entreprise de moulage britannique voulant diversifier sa gamme. Face à l'engouement du public pour ce genre de produit, elle commercialisa des bateaux à petite échelle puis le premier avion en kit (1953), à l'échelle 1/72, représentant le fameux Supermarine Spitfire Mk1 ayant servi durant la bataille d'Angleterre. Le succès fut immédiat. L'échelle 1/72 devint un standard.

Toujours est-il que présentée dans sa boîte cartonnée (il y a là comme le présage d'une certaine constance dans mes inclinaisons thésaurisatrices qui ne se démentira pas par la suite), superbement parée d'une illustration extraordinairement suggestive, la maquette avait déjà tout pour m'embringuer dans ses filets. Une fois attrapé, elle m'y maintint fermement pendant plusieurs décennies, jusqu'à ce que le virtuel me permette de franchir une nouvelle étape, celle qui mène de la société des loisirs à la société de consommation.
L'amorce d'un déclin, en quelque sorte.

Actuellement, le modélisme statique n'est plus l'apanage du divertissement juvénile, nos juniors ayant préféré d'autres occupations demandant moins de contribution personnelle (le jeu vidéo, notamment) mais ce hobby reste avant tout celui du véritable amateur éclairé, collectionneur de surcroît et généralement résidant dans des tranches d'âge mûr. Tout comme le commerce de ses modèles, il s'est spécialisé et, de ce fait, cantonné dans une frange de population focalisant sur une passion rarement addictive au point d'en perdre toute notion des réalités.

Mais jamais je ne désavouerai mes anciennes inclinaisons car je leur dois d'avoir pu accéder à un univers fascinant: celui du modèle réduit. Dans ce domaine, mes préférences se sont principalement orientées vers les machines volantes remontant à une époque située dans la fourchette des années 1935 à 1945.
En voici un témoignage.

Je dédie ces quelques pages à un ami, trop tôt disparu, avec qui j'ai partagé cette passion pendant de nombreuses années.